L’image est saisissante : Hu Jintao, l’ancien président de la République et ex-secrétaire général du Parti communiste chinois (PCC) de 2002 à 2012 a été « poussé » manu militari en dehors de la salle de la cérémonie de clôture du 20e congrès du Parti communiste chinois.
Ce fut une manifestation spectaculaire de la toute-puissance de Xi Jinping: deux hommes se sont approchés de Hu Jintao et l’ont contraint à se lever, à quitter la tribune d’honneur et à sortir de la salle. Xi Jinping est reste impassible!
Le timing était bien étudié ce geste d’autorité était digne d’un film sur des disputes de clans mafieux, et il s’est déroulé devant la presse qui venait d’être admise dans le vaste auditorium où le congrès se tenait jusque-là à huis clos.
Est-ce un hasard? Non il parait que le « nouveau empereur » communiste a voulu faire un exemple après sa reconduction pour cinq ans pour un troisième mandat présidentiel. Xi devient le dirigeant le plus puissant du pays depuis Mao Tsé-toung.
Mais Xi qui veut faire de « sa Chine » la première puissance mondiale, qui veut rivaliser avec les États Unis et à travers eux l’Occident pense-t-il que cette image est reluisante et appétissante pour l’étranger?
Les élections plus ou moins arrangées au Comité central (205 membres), suivies de l’élection du Comité permanent du bureau politique, soit les sept dirigeants du pays, maquillaient plus ou moins l’autoritarisme au sein du PCC et faisaient apparaître le pays sur un chemin qui pouvait aboutir un jour à une forme de démocratie populaire. Ce n’est plus le cas!
Car depuis la mort de Mao en 1976, des règles encadraient la transition du pouvoir. Le président chinois ne pouvait rester au pouvoir que pour deux mandats, et pour une durée maximale de dix ans. Mais en 2018 Xi a supprimé ces restrictions et a aboli la limite des mandats. Face à cette configuration inédite, des observateurs pressentaient déjà que le dirigeant aujourd’hui âgé de 69 ans, préparait le terrain pour devenir président à vie.
Ce qui est plus significatif est le fait que Xi Jinping, en choisissant les sept membre du Comité permanent, ne fait la promotion de sa pensée de façon institutionnelle. Déjà en novembre 2021, à l’occasion de cent ans d’Histoire de la Chine, il poussa le parti à à adopter un texte à son éloge : on pouvait lire “La pensée de Xi Jinping est la quintessence de la culture et de l’âme chinoises” ou encore “depuis l’arrivée au pouvoir de Xi, le socialisme à la chinoise est entré dans une nouvelle ère”. (comme le relatait franceinfo).
Ceux qui vont entourer Xi sont des alliés mais également et surtout des « obligés » le numéro 2 du régime sera Li Qiang, l’ex secrétaire général du Parti à Shanghai. Li sera Premier ministre il avait fait ses preuves en imposant le confinement le plus dur de l’Histoire sur la riche région de 27 millions d’âmes, ce qui lui a permis de mater « la clique de Shanghai » (les amis de l’ancien Ziang Zimin et les deux derniers survivants sont : l’humilié du 23 octobre Hu Jintao, et l’ex-Premier ministre Li Keqiang qui perd son poste).
Le président chinois a également réussi à inscrire sa pensée idéologique dans les manuels scolaires. Depuis la rentrée 2021, les livres d’école sont truffés de citations de Xi Jinping sur des divers sujets: le patriotisme, le rôle du Parti communiste, la place des citoyens et enfin l’importance de l’armée et son rôle pour la grandeur de la patrie.
Donc dès les classes des primaires tous les élèves de Chine se voient inculquer la pensée du président, présentée comme la référence absolue… un nouveau livre rouge qui a effacé le livre de Mao.
Mais la question qui taraude les observateurs c’est les plans concernant Taïwan. Or l’ambassadeur de Pékin à Washington Qin Gang, qui est entré au Comité centrale, a de grandes chances pour qu’il devienne le future Ministre des Affaires étrangère. Or Gang par sa position dans la capitale du grand allié de Taïwan sera le mieux placé pour gérer cette question. déjà dans les statuts du Parti a été introduite une mention prônant « combattre et freiner résolument toutes les tentatives séparatistes réclamant l’indépendance de Taïwan ».
Cela montre, s’il était nécessaire que la question taïwanaise sera une priorité absolue sur l’agenda de la politique extérieur chinoise.