Le religieux entre nationalisme et pan-asiatisme
(Actes du colloque de la SFEJ)
L’histoire de l’implantation de l’islam au Japon conserve de nombreuses facettes cachées, et cela nonobstant les efforts de recherches entrepris depuis deux décennies1.
Les causes en sont multiples et variées. Il y a surtout le nombre de domaines de recherches par lequel ce phénomène a pu, ou pourrait être abordé. Il faut rappeler qu’avant l’ouverture du Japon et la restauration de Meiji, le domaine des connaissances sur l’islam et le monde arabo-islamique était dans un état de friche complet.
En suivant l’histoire des premières conversions, chose aisée au regard du nombre restreint de Japonais s’étant convertis dans cette première période, deux traits communs apparaissent: d’une part ces premiers convertis étaient très proches des milieux ultra-nationaliste et d’autre part presque tous avaient une relation directe avec la Chine et parmi eux on pouvait trouver beaucoup de militaires.
L’histoire de deux prêcheurs musulmans; l’un égyptien et l’autre turc, et celles de deux convertis japonais qui ont marqué l’histoire de l’islam au Japon, sont des exemples parmi d’autres et peuvent éclairer cette facette cachée des relations qui ont existé, pour un brève période entre cette religion et ces courants
Le premier prêcheur fut Ahmad Ali Jirjawi égyptien. Il fit le déplacement pour assister disait-il, à un congrès de religions qui eut lieu le premier mars 1906, et édita à son retour un livre: Al-Rihla al-yâbâniya (Le Voyage au Japon)2.
Le récit nous signale la présence de plusieurs personnes musulmanes de nationalités différentes dans la délégation et fait une description sommaire du pays.
Mais c’est surtout les deux objectifs qu’il poursuit qui sont mis en avant, à savoir : l’islamisation du Japon et la convergence des intérêts japonais et turcs à contrer et déstabiliser la Russie.
Il chante les louanges d’une alliance turco-japonaise pour s’opposer à la Russie, et argumente pour démontrer l’utilité de l’islam pour la société japonaise qui, dit-il, cherche une religion. Jirjawi était partisan du mouvement de « La Ligue islamique ». Cette association prônait l’unité du monde arabo-musulman et de l’empire Ottoman, et était aidée financièrement par le Sultan turc Abdul Hamid II, comme l’étaient plusieurs revues et publications au Moyen-Orient, dont la revue éditée par Jirjawi au Caire3. Pendant ce voyage, Jirjawi élargit cet objectif pour englober l’Asie entière sous l’égide du Japon, encensé surtout après sa victoire sur la Russie.
Les Japonais se sont intéressés à l’Empire ottoman dès les premiers contacts avec l’islam et cela pour des raisons géopolitiques évidentes. Cet empire musulman était en contact direct avec la Russie considérée comme le principal “ennemi”. Un empire russe avec qui ils partageaient des frontières communes et avec qui existait une concurrence pour acquérir des territoires et des privilèges sur le continent chinois et en Corée. L’intérêt s’est porté vers les populations musulmanes des territoires russes et à leur religion juste avant la victoire Tsushima. Les tentatives d’ouverture vers ce monde ne commencèrent cependant à porter leurs fruits qu’après la fin du conflit avec la Russie.
La politique du sultan ottoman allait dans le sens de la stratégie japonaise et confortait les plans du gouvernement japonais pour affaiblir la Russie en encourageant les revendications d’indépendance des populations musulmanes des steppes asiatiques.
C’est de cette partie de l’Asie qu’est venu en 1909 Abdel Rashid Ibrahim, d’origine tatar. Il débarque au Japon pour demander l’aide de l’empereur Meiji, afin d’obtenir l’indépendance du peuple tatar. Il fut très bien accueilli et reçu par plusieurs personnalités.
Lui aussi rédigea un récit de voyage traduit en japonais4, (une partie fut traduite de la langue turque et publiée en français5).
Il évoque dans ce livre son séjour et ses rencontres avec des dirigeants japonais et comment, tout en prêchant l’islam, fut abordée la question de l’aide que gouvernement japonais pouvait apporter aux populations musulmanes en Russie.
Abdul Rachid éditait aussi, comme Jirjawi, une revue politico-religieuse en langue tatar. Ces deux hommes avaient un point commun, ils étaient des propagandistes politico-religieux. Cette propagande allait dans le sens des desseins des Japonais pour déstabiliser leur adversaire russe. Entre ces deux prêcheurs, Abdul Rachid était de loin le plus représentatif de ce phénomène que j’appellerais échanges réciproques d’intérêts.
Ce personnage haut en couleur avait rencontré dans sa double quête (à savoir : chercher l’appui du Japon pour l’indépendance des peuples tatars et prêcher l’islam) plusieurs grandes personnalités de l’époque.
Le premier personnage public qu’il cite dans son livre de voyage est Tokutomi Sohô6 徳富蘇峰 (1863-1957), le directeur de la revue Kokumin-no-tomo 国民之友 et du journal Kokumin-shinbun 国民新聞. A cette époque Sohô était déjà très proche des milieux impérialistes.
La rencontre s’effectue d’ailleurs dans les locaux de la maison de presse. Tokutomi fit un discours qu’il publia par la suite. Il aborda la question de l’Occident et de l’Orient et de l’aide « aux frères Tatars nos semblables ».
Sohô mit à la disposition de Abdul Rachid un rédacteur, Nakano Tsunetarô 中野常太郎 (1866-1928), parlant le russe, pour lui faciliter la vie et jouer le rôle d’interprète.
Nakano n’était pas uniquement un activiste qui « voulait, dès que possible, fonder une mosquée et une école » , mais aussi un membre de la Société du Dragon noir Kokuryû-kai 黒竜会6.
Il se réunit aussi avec Ôkuma Shigenobu 大隈重信 (1838-1922) qui l’introduit auprès d’Ito Hirobumi 伊藤博文 (1841-1909) qu’il rencontra dans sa résidence d’été près de Niigata.
Ce dernier lui posa diverses questions notamment sur la motivation des musulmans qui combattaient aux côtés de l’armée du Tsar Nicolas II. Il fit aussi la connaissance de Hayashita Kametarô 林田亀太郎 (1863-1927) qui fut secrétaire de la chambre des pairs.
Les discussions étaient toujours axées sur les musulmans dans les terres sous domination russe du côté japonais et sur l’islam du côté du Tatar, mais les deux parties tombaient toujours d’accord sur “l’unité de l’Orient” et les points de convergences à opposer aux Occidentaux.
Lors d’une soirée le 20 mai 1909 (une soirée décrite par Abdul Rachid comme la plus précieuse de sa vie), Nakano lui arrange une « rencontre secrète » avec deux officiers. Il l’avait prévenu: « Je vais vous présenter ces deux officiers. Ce sont des personnages très estimés dans notre pays, et je vous demande de faire confiance à leur humanité et leur conscience. » Et d’ajouter: « Il n’est pas nécessaire que je vous donne leurs noms et leurs titres pour l’instant ».
La discussion durant ce rendez-vous secret (秘密の会合) donne un aperçu sur les objectifs poursuivis par le prêcheur tatar et par les autorités japonaises.
Le Tatar prêchait pour l’islam et avancait ses idées sous le couvert de “l’Union de l’Orient” (統一が必要である) qu’il présente comme “une affaire tout a fait naturelle” qui, pense-t-il, préoccupe les Européens, qui utilisent la religion pour semer la discorde en Orient. Il exagère le nombre de musulmans qui entourent le Japon (un tiers des populations chinoises et indiennes sont des musulmans tandis que l’île de Java et l’archipel malais sont entièrement musulmans) pour aboutir à la conclusion que l’Orient est musulman (要するに東洋の人口の大部分はイスラム教徒なのです). Puis d’ajouter que “le problème pourrait être résolu facilement si on arrivait à mettre en place au Japon les symnoles de l’islam” (もし日本にイズラムの象徴がすえられたならば、問題は速やかな展開をみせるに違いないと思われます).
Les Japonais présents n’hésitent pas à le suivre et même à aller plus loin et d’enchérir en affirmant (toujours d’après le Tatar) “que si les Japonais arrivaient à connaître la vérité sur l’islam ils n’hésiteraient pas à changer de religion” (我々はイスラムの真理を知ったなら、その日からイズラムに改宗することをためらうものではありません).
Autour d’Abdul Rachid quelques militants et officiers se convertirent à l’islam. Ces premières conversions étaient loin des chiffres avancés par les propagandistes à Istambul, au Caire et dans les autres pays musulmans, mais la plupart de ceux qui se convertissaient avaient un point commun: ils étaient des militants nationalistes.
Nous retenons Ôhara Bukei 大原武慶 8 ou Tôyama Mitsuru 頭山満 9, qui le 7 juin en 1909 fondèrent une société sous le nom de Ajia gikai 亜細亜義会 (Société pour la cause de l’Asie)10 société très proche des milieux nationalistes.
Cette société fut créée pour faire du prosélytisme au Japon. Abdul Rachid le dit lui-même: “On avait décidé de fonder à Tôkyô une association au service de la diffusion de l’islam au Japon“11. Il est très explicite puisqu’il explique sa peur d’être exposé à “trop d’attaques si nous annoncions qu’il s’agissait de la diffusion de l’islam” et de poursuivre “nous avons baptisé l’association Ajia gikai“11.
Le lendemain de l’enregistrement de cette association, le prédicateur Abdul Rachid et quatre de ses amis et disciples 12 iront au siège de l’association Tôa dôbun-kai 東亜同文会 (Société culturelle de l’Asie orientale)13 où il reçut en compagnie d’Ôhara Bukei 大原武慶 le titre de propriété d’un terrain pour la construction de la première mosquée de Tôkyô.
Or parmi les fondateurs d’Ajia-gikai il y a, comme nous l’avons vu, Tôyama Mitsuri dont le disciple Uchida Ryôhei (1874-1937) était à la tête de la Société du Dragon noir Kokuryû-kai 黒竜会, société nationaliste extrêmiste soutenue par des membres militants du pan-asiatisme en tête desquels nous trouvons les membres de la faction Genyô-sha 玄洋社 14.
La Société du Dragon noir était connue pour ne pas avoir une structure bien établie. Elle fonctionnait sur la base des relations personnelles et donna naissance à plusieurs sociétés, secrètes ou non, qui s’inspiraient de son idéologie. C’était une nébuleuse.
Il est évident qu’Ajia gikai en faisait partie.
D’ailleurs c’est Ajia gikai et la Société du Dragon noir qui financèrent le pélerinage d’Abdul Rachid et d’un ami à Tôyama Mitsuru: Yamaoka Mitsutarô 山岡光太郎 (1880-1959).
Yamaoka Mitsutarô est une des figures de proue de l’islam japonais. Yamaoka était officier dans l’armée japonaise en tant qu’interprète de russe durant la guerre russo-japonaise. Il est connu pour être le premier Hajj japonais(avoir effectué le pèlerinage à la Mecque qui est un des cinq piliers de l’islam).
Il prit le nom de Al-Hajj Omar Yamaoka. Il rédigea plusieurs livres15 dont un à l’intention des futurs pélerins japonais Arabia jûdan-ki アラビア縦断記 (Cahier de voyage en Arabie). Sur le chemin de la Mecque, accompagné d’Abdul Rachid il fait de la propagande pro-japonaise en Turquie et dans les autres pays du Proche-Orient .
La Revue du Monde musulman, éditée en France, signale dans son N° XIII/3 daté de mars 1910, que Yamaoka a écrit aux autorités turques leur demandant d’envoyer des oulémas pour instruire les Japonais et leur ouvrir les voies de l’islam.
Déjà dès 1906, dans son premier numéro daté de novembre, cette même revue, sous la plume de Fernand Farjenel, fait apparaître un article qui met en garde l’Occident et attire son attention sur l’activisme japonais dans les pays musulmans.
Farjenel décrit l’installation de familles japonaise dans les villes turques et note que “La Turquie observe attentivement les événements du Japon et voit d’un oeil favorable ses nationaux s’établir à Constantinople“16.
Après la première guerre mondiale (1914-1918), au sein de ce Japon classé parmi les puissances victorieuses, et à l’ombre de ce qui est convenu d’appeler Taishô demokurashi, un nouveau profil de Japonais convertis à l’islam se dégage et s’affirme et ce jusqu’à la deuxième guerre mondiale.
La deuxième vague de convertis donne une coloration militaire et militantiste à ce mouvement de conversion. Elle fut le résultat du contact direct avec l’islam en Chine, où les milieux islamistes étaient très actifs. Ce furent surtout des militaires japonais qui se convertissaient et qui, à leur retour au pays, essayaient d’élargir leur mouvement.
Avec la conversion de Tanaka Ippei 田中逸平 (1882-1934) en 1924, l’islam connut un nouveau profil des convertis. En effet Tanaka, qui était un fervent disciple du général Nogi17, a contribué à élargir l’audience des cercles islamistes de façon générale et surtout dans les milieux militaires.
Spécialiste de langue chinoise, il quitte le Japon en 1902 pour rejoindre son professeur de littérature chinoise à Pékin. Pendant la guerre nippo-russe il intègre l’armée impériale en tant qu’interprète, avant de rejoindre la base japonaise à Qingdao 青島 où il restera jusqu’en 1917 comme directeur de l’éducation au sein de l’Administration militaire de la région. Il s’installera par la suite à Jinan 済南 avant de se retirer dans un ermitage où il donnait des leçons à des jeunes chinois. Son contact avec la communauté musulmane à Jinan fut décisif pour la suite de son oeuvre.
Avant sa conversion il s’était lancé dans l’étude de grands penseurs de l’islam classique chinois et il a écrit un livre mettant en parallèle ” l’Islam en Chine et le shintô impérial” 支那回教問題の将来と公国神道 (Shina kaikyô no shôrai to kôkoku shintô), Puis il traduit la biographie de Mohamed écrite par l’islamologue chinois Liu Jielian 劉介廉 sous le titre Teppô shisei jitsuroku 天宝至聖実録 (La vraie histoire de l’Elu sacré)18.
En dix ans, entre 1923 et 1934, année de sa mort, il s’activa au sein des milieux nationalistes et essaya de promouvoir ce qu’il est permis d’appeler un lobby militaire pro-musulman pour soutenir les ambitions du Japon en Asie.
Sa conversion fut annoncée par le journal très nationaliste Nippon oyobi Nipponjin 日本及び日本人 édité par la société Seikyô-sha 政教社 19. Cette annonce avait à l’époque une symbolique assez forte: pour la première fois un Japonais nationaliste militant pour le Grand Japon se réclamant de l’essence nationale ne trouve pas de contradiction à revendiquer haut et fort sa nouvelle religion. Il prend le nom de Nur Mohamad puis part pour son premier pélerinage à la Mecque. A son retour il écrit une série d’articles publiée dans ce même Nippon oyobi Nipponjin 20 relatant son voyage.
De retour au Japon il écrit son grand livre où il décrit les étapes qui l’ont conduit à l’islam Hakuun yûki 白雲行(Le Voyage du nuage blanc)21. C’est dans ce livres qu’il développe sa théorie sur L’Islam et la théorie de la Grande Asie (Isuramu to Dai Ajia shugi イスラムと大亜細亜主義 ). Or ce qui donne une coloration particulière à son militantisme et à son combat intellectuel, c’est son effort pour créer des rites musulmans japonisés. Il échoua car peu de convertis lui emboîtèrent le pas.
Tanaka disparu, d’autres disciples prirent la relève et formèrent les bases d’un futur islam japonais, modeste par sa taille et ses ambitions.
Il serait intéressant d’avoir une rélexion sur les raisons de ce rapprochement entre nationalisme japonais naissant et cette religion venue de si loin et importée de Chine, surtout dans les conditions de cette époque mouvementée des relations avec la Chine et le monde entier.
Je pense que, pendant la première période des contacts avec l’islam, les Japonais considéraient leur ouverture vers les populations musulmanes comme une étape dans leur stratégie d’alliance de revers dirigée contre la Russie. Dans la deuxième période, le facteur islam, toujours dans une forme d’alliance de revers (mais interne à la Chine cette fois-ci), était dirigé contre les nationalistes chinois opposés à la mainmise du Japon sur leur pays.
L’intérêt historique de ce phénomène résulte du rapprochement qu’on voit s’opérer entre les mouvements nationalistes japonais et le prosélytisme islamique sous le couvert d’une Grande Asie, et cela indépendament des objectifs propres à chacun.
Il convient cependant de remarquer que dans cette phase des relations internationales, que l’on nomme diplomatie de l’impérialisme, la colonisation n’est nullement discutée entre ces deux parties:- prêcheur d’islam d’un côté et, – idéologue du Grand Japon de l’autre!
La colonisation n’est abordée ni en tant que concept et valeur, ni en tant que processus politique. Le principe de la colonisation paraît naturelle, pour le Japon . Pour les musulmans, la colonisation paraît comme inéxistante quand ils sont en face d’interlocuteurs japonais, voulant se débarasser de la colonisation occidentale, ils échaffaudaient des schémas de plus en plus larges pour englober cette puissance asiatique qui fait peur aux Occidentaux , tantôt au sein de la Grande Asie, tantôt sous la coupole de l’islam désignée par Al-Oumma.
1) KOMURA Fujio 小村不二男, Nihon isurâmu-shi 日本イスラーム史(L’Histoire de l’islam japonais), Tôkyô 東京, 日本イスラーム友好連盟 (Association des amis des musulmans japonais),1988, 556 p.
2) JIRJAWI Ali Ahmad (Cheikh), Al-Rihla al-yâbâniya (Le Voyage au Japon), Le Caire, Mirit (en collaboration avec Japan Fondation), 1999 (première édition 1906), 222 p.
3) Al-Irchad (Le guide), édité pour la première fois en 1899 à Alexandrie, puis la publication est transférée au Caire. Le dernier numéro paru date du 29 juin 1906.
3) Originaire de Sibérie occidentale né à Tara dans le gouvernerat de Tonolsk. Sa famille venait de Boukhara et avait émigré avec les Ouzbecks de Turkesan vers l’Ouest entre le 17° et 18° siècle.Il se disait de lui-même Turc de Russie ou Tatar. Il est mort au Japon en 1944.
4) ABDUL RASHID Ibrahim, Âlem-i Îslâm ve Japonaya’da Întiçar-i Îslâmiyet, traduit sous le titre de: Jappon-ya – Islam-kei Roshiajin no mita Meiji Nihon ジャポンヤ.イスラム系ロシア人の見た明治日本 (Le Japon – Le Japon de l’époque Meiji vu par un Russe musulman), trad. Komatsu Kaori 小松香織 et Komatsu Hisao 小松久男,, Tôkyô 東京, Daisan shokan 第三書館, 1991, 410p., (Voir annexe 19 page 118b).
5) ABDÜRRECHID Ibrahim, Un Tatar au Japon, Voyage en Asie 1908-1910, Paris, Actes Sud, 2004, 268 p.
6) Ecrivain, né dans la province de Higo 肥後 (actuellement dans le département de Kumamoto 熊本), il fonda en 1887 la société d’édition Minyû-sha 民友社 qui publia la revue Kokumin 国民の友 (L’Ami du peuple) et autres publications dont 国民新聞 (Le Journal du peuple). Il publia au moins 350 ouvrages sur des sujets très divers dont le plus connu Shôrai no nihon 将来の日本 (Le Japon du futur). A partir de 1895 il devint de plus en plus proche des idées nationalistes et impérialistes. Considéré par les alliés après la guerre comme un extrémiste, il fut jugé comme criminel de guerre en 1945 et interdit de publication jusqu’en 1952.
7) L’idéal de cette société était fondé sur le pan-asiatisme. Elle oeuvrait pour faire du Japon le guide de cette Asie unifiée. Elle mena des actions clandestines dans toute l’Asie orientale, et fut très active pour soutenir les forces japonaises dans les guerre sino-japonaise (Nisshin sensô 日清戦争) et russe (Nichi-ro sensô 日露戦争) et surtout pendant la révolte des Boxers (Hokushin jihen 北清事変), elle milita pour l’annexion de la Corée (Kankoku heigô 韓国併合). En chine elle joua un rôle dans le mouvement révolutionnaire chinois.
8) Lieutenant colonel durant la guerre sino-chinoise, il participa à la révolution chinoise en 1911, et était présent en Manchourie.
9) Tôyama Mitsuru (1855-1944) de son vrai nom Tsutsui Mitsuru, né à Fukuoka 福岡 puis adopté par la famille Tôyama. Emprisonné en 1876 pour ses opinions antigouvernementales. Il organisa avec quelques amis un groupe politique de droite, le Genyô-sha 玄洋社 qui ne cessa de contester les décisions du gouvernement, surtout celles concernant la Chine. Fondateur avec Uchida Ryôhei de la Société du Dragon noir (ou Fleuve de l’Amour), groupe d’extrême droite qui s’attacha à promouvoir les sentiments ultra-nationalistes aux seins de groupes commes les rônin de droite.
10) Il est intéressant de noter que la société Ajiagi-kai fut enregistrée 19 jours après cette fameuse rencontre secrète.
11) ABDUL RASHID Ibrahim, op.cit. p.361.
12) 29) Mawlawi Barakâtallah Sahîb, Hajj Wâli Tourâbu Alîzâd, Abdulghafour Mâlikjizâd Taïb Ali et kâkâji Walla.
13) Cette association est née de la fusion de Tôa-kai (東亜会) et de Dôbun-kai (同文会), toutes deux fondées la même année 1898 par des intellectuels et des politiciens anti-russes et nationalistes.
14) Constitué en 1881 ce groupe fut dissout en 1946 après la défaite.
15) Parmi ces livres:
i- Kaikai (Hui Hui) kyô no shimpiteki seiryoku iryoku 回回教の神秘的威力, Le Pouvoir mystique de l’islam, Tôkyô, Shinkô-sha 新光社, 1921, 364p.
ii- Hui Hui kyô to kaikyô-to no seikatsu 回回教と回教徒の生活 Les Pays musulmans et la vie des musulmans, in “Hashi yori Toruko made” 波斯より土耳古まで, Tôkyô, Bummei kyôkai 文明協会, 1926, 72-98p.
iii- Ajia no ni dai undô Kaikyô-to to Yudaya-jin アジア二大運動ーー回教徒とユダヤ人 Deux grands mouvements en Asie: Les Musulmans et les Juifs, Osaka, Watanabe 渡辺事務所, 1928, 515p.
16) La Revue du Monde musulman, Tome 1, Paris, Novembre 1907, p.102.
17) Nogi Maresuke (1849-1912) 乃木希典, il se suicida à l’annonce de la mort de l’empereur Meiji.
18) Traduction publiée en à titre postume en 1941 par L’association islamique du Grand Japon 大日本回教協会, 427 p.
19) Sociéte de la politique et de la l’instruction fondée en 1888 par un groupe d’étudiants dirigé par Miyaké Setsurei et Shiga Shigetaka, critiquant l’occidentalisme effréné de la société japonaise, et faisant la promotion du kosui shugi qui visait à mettre en valeur l’identité japonaise. Elle édite la revue Nihonjin. Elle évoluera vers un nationalisme impérialiste avant de devenir une sociiété ultra-nationaliste dogmatique.
20) Tanaka Ippei 田中逸平, Mekka junrei (1-5), メッカ巡礼 Pélerinage à la Mecque, Tôkyô, in Nippon oyobi Nipponjin 日本及び日本人, de 15 oct.1924 à 15 déc.1924 (total 21p.).
21) Edité en 1925 il ne reste qu’un seul exemplaire conservé à la Bibliothèque Nationale de la Diète.
Bibliographie Générale:
ARAKI Masayasu 荒木正恭, Shinbun ga kataru Meiji-shi 新聞が語る明治史(L’Histoire de l’ère Meiji d’après la presse), Tôkyô 東京, Hara Shobô 原書房, 1976, 547 p.
HAYASHI Tatsuhiko 林辰彦, Nihon to Arabu 日本とアラブ (Le Japon et les Arabes), Tôkyô 東京, Sangyô shinchô-sha 産業新潮社,1975, 315 p.
KOBAYASHI Hajime 小林元, Nihon to kaikyô no bunka kôryû-shi 日本と回教の文化交流史 (L’Histoire des échanges culturels entre le Japon et Monde islamique), Tôkyô 東京, Chûtô chôsa-kai 中東調査会,1975, 75 p.
KOMURA Fujio 小村不二男, Nihon isurâmu-shi 日本イスラーム史(L’Histoire de l’islam japonais), Tôkyô 東京, 日本イスラーム友好連盟 (Association des amis des musulmans japonais),1988, 556 p.
MIYAZAKI Ichisada 宮崎市定, Ajia-shi gaisetsu アジア史概説 (Les grandes lignes de l’histoire de l’Asie), Tôkyô 東京, Gakusei-sha 学生社, (1973)1975, 295p.
SUGITA Hideaki 杉田英明, Nihon-jin no chûtô hakken 日本人の中東発見 (La découverte du Moyen-Orient par les Japonais), Tôkyô 東京, Tôkyô daigaku shuppan-kai 東京大学出版会, 1995, 358 p.
TAYARA Bassam, Le Japon et les Arabes, Paris, Médiane, 2004, 200 p.