En concoctant le plus gros budget de son histoire le Japon change la donne géopolitique en Asie.
Cette envolée des dépenses militaires et le lancement de programmes d’armements lourds, est à lier avec l’accroissement de la pression exercée par Kim Jong-un le leader de la Corée du Nord, qui depuis un an a procédé à plusieurs tirs de missiles balistiques intercontinentaux et à un sixième essai nucléaire .
Cet activisme de la Corée du Nord fait taire tout débat public sur la stratégie de défense du pays et la remise en cause du pacifisme que porte un budget à caractère visiblement agressif.
Ce n’est pas la première fois que le gouvernement procède à ce genre de coup de pouce au budget défense: c’est la sixième année consécutive. Et cette fois-ci la nouvelle hausse est de 1,3 % de ses dépenses militaires sur l’exercice fiscal 2018-2019 qui débute en principe en avril 2018.
Ce budget prévoit 5.190 milliards de yens (38,7 milliards d’euros) pour la “défense”, soit le plus gros montant jamais enregistré depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Le doigt est pointé sur Pyongyang, puisqu’une large partie de ces sommes va être consacrée au renforcement des capacités du bouclier antimissile mis en place au dessus de l’archipel. Mais il est évident que dans la tête du Premier ministre Shinzo Abe, trotte la menace potentielle que représente une Chine de plus en plus agressive et expansive.
Le Japon par cette augmentation massive du budget d’armement signifie à Pékin qu’il entend occuper le vide que pourrait créer un renoncement américain sous l’impulsion du président Donald Trump, et que Tôkyô s’opposerait vigoureusement aux revendications territoriales brutales du grand voisin chinois dans la Mer de Chine méridinoale.
Cette stratégie se lit à travers la liste du programme mis en place: Tôkyô va acquérir une nouvelle génération de missiles intercepteurs, les SM-3 Block IIA, permettant de détruire des missiles balistiques à portée courte, moyenne et intermédiaire. Ce système viendra compléter le système de défense actuel constitué de batteries Patriot, qui peuvent intercepter des missiles à basse altitude, et de missiles SM-3 Block IA capables, eux, de détruire des missiles balistiques de courte à moyenne portée mais à des altitudes moins importantes que la nouvelle génération IIA. S’ajoute à cela la mise en place d’un système terrestre d’interception de missiles Aegis Ashore fournis par les Etats-Unis. Ce système terrestre couplé avec le système actuel des boucliers Aegis Offshore installés sur des bateaux de guerre qui patrouillent au large du Japon, permettra “de couvrir le pays 24 heures sur 24”
Mais cette politique d’armement “défensive”, encouragée pas Abe, le Premier ministre conservateur, prend une tournure “offensive” également”. Depuis mars 2016, et le changement apporté à la constitution, les troupes nippones peuvent prendre désormais part à une “autodéfense collective” et donc de mener des opérations de défense de leurs alliés, si ceux-ci étaient attaqués, ce qui veut dire que ces troupes peuvent agir en dehors du territoire national ce que l’aricle 9 de la constitution le prohibait formellement avant sa modification.
Dans la ligne de mire de cette “politique d’armement défensive-offensive” il y a la Chine et ses revendication territoriales surtout autour du mini-archipel de Senkaku. C’est dans ce but que Tôkyô va investir l’équivalent de 400 millions d’euros (550 milliards de yens) pour renforcer les défenses des îles de Miyako et d’Amami, situées en Mer de Chine à une encablure des îles de Senkaku revendiquées depuis 1971 par Pékin et désignées par “Diaoyu”.