(Agence)
Au Japon, l’émotion est énorme depuis l’assassinat de l’ancien Premier ministre Shinzo Abe, vendredi 8 juillet par un inconnu qui fut interpellé.
Le tireur a ouvert le feu sur l’ex-premier ministre en plein meeting politique, dans une ville de province. Shinzo Abe avait dirigé le gouvernement nippon pendant dix ans, jusqu’en 2020.
Abe était dans un état désespéré en arrêt cardio-respiratoire pendant plus de sept heures. Les médecins ont fait l’impossible pour le ranimer sans succès.
Issu d’une dynastie politique, Shinzo Abe aura connu le règne le plus long : dix ans au pouvoir.
Le grand-père maternel d’Abe est Nobusuke Kishi, Premier ministre du Japonde 1957 à 1960.
Abe est le petit-neveu d’un autre Premier ministre, Eisaku Satō, frère de Kishi. Son grand-père paternel, Kan Abe, a également été un homme politique, député à la Chambre des représentants de 1937 à 1946.
Son père est Shintarō Abe, gendre et héritier politique de Kishi devenu une figure politique importante et influente dans les années 1980, ancien ministre des Affaires étrangères et secrétaire général du Parti libéral-démocrate, le parti au pouvoir sans discontinuer de sa création en 1955 jusqu’à 1993 et de 1994 à 2009.
Le frère cadet de Shinzō Abe, Nobuo Kishi (né Abe mais adopté par son oncle maternel), est lui aussi un homme politique du PLD, élu à la Chambre des conseillers pour la préfecture de Yamaguchi depuis 2004.
Et depuis son retrait, Abe jouait le rôle de faiseur de rois au sein d’un parti conservateur qui domine la vie politique japonaise depuis la fin de la guerre.
Le tireur, qui a atteint de deux projectiles le cou et la poitrine de Shinzo Abe, est passé aux aveux. Tetsuya Yamagami est un habitant de Nara, la ville où s’est déroulé le drame ; il est âgé de 41 ans. C’est un ancien militaire : au début des années 2000, il a servi pendant trois ans dans la marine japonaise. Qu’un militaire, un tireur d’élite tue un ancien Premier ministre est incompréhensible. L’armée japonaise, longtemps mal aimée dans le pays de la Constitution pacifiste, est respectée depuis le tsunami géant de mars 2011 et la guerre en Ukraine. Le pays, peu habitué à la violence, exerçant un contrôle très strict sur les armes, est sous le choc.
Les propos du tireur sont assez confus. Il a dit aux enquêteurs qu’il n’appréciait pas le profil et les idées de Shinzo Abe mais, pour autant, il a précisé qu’il ne nourrissait pas de « rancune politique particulière » à son égard.
La mort de Shinzo Abe survient dans un Japon mi-figue mi-raisin, replié sur lui-même depuis la pandémie. Ce 8 juillet, les Japonais se ruent sur les éditions spéciales que la plupart des quotidiens ont imprimées. Toutes les chaînes de télévision ont bouleversé leurs programmes.
Dans la classe politique, c’est la sidération. La campagne en vue des élections sénatoriales, prévues dimanche, a été suspendue. Et par mesure de sécurité, le Premier ministre Fumio Kishida a annulé les prises de parole en public qu’il avait prévues aujourd’hui et ce week-end en vue de ce scrutin. Il est désormais sous protection rapprochée.