Publié dans le blog Le Monde “Au fil du pinceau”
Les succès du milliardaire Donald Trump dans les primaires républicaines, suscitent débats et réactions de tout bord. Même loin de l’Amérique des cris d’indignation résonnent, et des articles de journalistes effarouchés avalent le peu de distance qu’on doit conserver pour une analyse froide de ce phénomène.
On dirait une panique mondiale.
Rien n’est dit que Trump portera les couleur du Grand Old Party (GOP) en novembre, mais nous devons nous demander pourquoi il arrive à enregistrer succès après succès ?
Commençons par voir qui suit, applaudit, soutient et vote pour le milliardaire ?
Ce sont en général des Américains blancs de la classe moyenne qui se réclament du GOP ou qui ne le sont pas mais qui sont laissés au bord du chemin de la croissance économique américaine.
C’est un sentiment de déclassement de la classe moyenne et qui crée des Américains en colère.
Les chiffres parlent, on assiste aux États Unis à une radicalisation de la distribution du revenu entre un nombre de déclarants fiscaux riches toujours plus petits et un nombre toujours plus grands d’américains affectés négativement dans leur revenue, malgré la croissance soutenue. (voir le tableau ci-après).
Vous me direz que cet écart dans la distribution des revenus touche également les Noirs les Hispaniques et les Asiatiques ; en effet mais qui dit qu’un partie de ces franges de la société américaine ne penche pas du côté de ce Trump qui promet une « meilleure distribution des richesse » promesse qu’abhorrent le GOP parti conservateur de droite ultra libérale par essence ?
Mais si on voit plus de « Blancs » suivre, applaudir et voter Trump c’est pour une autre raison : le sentiment de perte d’identité qui traverse ces WASP (White Anglo-Saxon Protestant).
Actuellement ces « Blancs » représentent 62% de la population les Hispaniques 18% ; les Noirs 12% et les Asiatiques 6%.
Mais dans 30 ans les Blancs seront 51% et dans 40 ans il ne seront que 48% de la population américaine.
Alors on peut comprendre leurs peurs et leur adhésion à la promesse de construire un … « mur »!
D’ailleurs qui nous dit que les Hispaniques bien établis aux États Unis veulent être immergés de « nouveaux Mexicains » ? Et qui dit que les Noirs, qui sont déjà marginalisés par la montée en puissance des Hispaniques, ne sont pas favorable à la réduction de l’immigration ?
D’ailleurs « mur et expulsion de 11 millions d’immigrés » ne sont que des paroles de campagne, ce sont des termes de communication qui frappent l’imagination et font un effet de prisme sur les problèmes que rencontrent ses auditeurs au quotidien.
D’autre part Trump commence à se dédouaner de ces paroles jetées en l’air et il met ses reculades et changements sous le seau de la « fléxibilité ». Il l’a dit lui même «Je n’ai jamais vu quelqu’un réussir sans un certain degré de flexibilité».
Il a changé sa position sur les armes il ne veut plus les interdire, et l’immigration il préconise des visas pour les étrangers hautement qualifiés dont il veut… augmenter le nombre.
En résumé : Trump « parle » aux Américains moyens et leur dit tout haut ce que beaucoup pensent en leur fort intérieur. Il parle un langage cru, c’est le langage de chaque jour d’un Américain moyen (expulser les étrangers, créer des emplois, distribuer la richesse, etc…) , mais c’est surtout le langage que ne parlent pas les politiciens et qui n’arrivent pas à améliorer le sort de leurs compatriotes.
C’est pour cela que Trump a le vent en poupe… mais il n’est pas seul… Bernie Sanders le démocrate touche également des franges de la société qui ne croient plus aux politiciens classiques telle Hillary Clinton…
C’est une révolution politique que traversent les États Unis et nous nous contentons d’être effarouchés des slogans et des langages et nous ne voyons pas le « Printemps des classes moyennes américaines »…