Les médias et la culbute du “Printemps arabe”

Le Printemps arabe, et les révolutions arabes ont « surpris » les sociétés occidentales, les gouvernants, et apparemment les médias et beaucoup de monde. Les causes de cette surprise générale, sont multiples. En vérité, les peuples arabes qui sont les premiers concernés ne furent absolument pas surpris.

La « rue arabe » regardait, incrédule, les sociétés démocratiques flatter, cajoler, et soutenir ces régimes en faillite, alors que les valeurs qu’ils portaient étaient en contradiction totale avec les leurs.

Tout en laissant de côté les raisons invoquées dans les diverses grandes capitales pour justifier cette absurdité. On peut dire que les Occidentaux ont soutenu, des régimes archaïques fanatiques, où aucun des principes des Droits humains n’était respecté. Comment cela a-t-il pu arriver au vingt-et-unième siècle ? Ce siècle appelé siècle de la communication.

Les médias ont joué un grand rôle pour imposer une vision globale, mais erronée de la situation dans le monde arabe avant le déclenchement de ce qui fut appelé Printemps arabe.

En effet les médias (en Occident) ont construit l’image du monde arabe et de ces peuples de façon conformiste et simpliste. Mais il ne faut pas s’attarder uniquement sur les modalités de la construction de l’information qui eut pour conséquence cette représentation des sociétés arabes. Car existe un élément qui a été à la base de cette construction, c’est le rôle des médias arabes et sa dimension informative dans l’élaboration de cette construction en Occident à travers les médias occidentaux.

Jusqu’à une période récente, l’Occident était le centre de production de la Culture, et de l’information au sens large. Mais actuellement, dans cette époque « post-postmoderne », nous devons nous rendre compte que la périphérie de ce « centre » a une influence déterminante sur la création de la culture, mais également de l’information.

Homi Bhabha  dans son fameux livre « Les Lieux de la culture – Une Théorie poste coloniale »[i], même s’il insiste sur l’aspect socialo-culturel de la production intellectuelle, il démontre cette influence de façon magistrale en se demandant « Comment la nouveauté pénètre le monde  dans cet l’espace postmoderne et postcolonial ». Cette approche résume très bien le chemin que suit, également, la construction de l’information.

Bhabha qui reprend les travaux de Frédéric Jameson[ii],  articule ses recherches sur le savoir qui « s’ordonne dans une division binaire… ». Il cite le « dedans » et le « dehors », le « dedans »  étant le centre et le « dehors » étant « l’autre » (cet autre qu’Edouard Saïd désigne comme étant tout ce qui n’est pas occidental).

A mon avis cette théorie ne s’éloigne pas beaucoup de la théorie axée sur le principe de « base et superstructure » qui sera souvent  reprise dans les travaux de ce même Jameson, mais en introduisant un nouvel élément « la médiation d’une structure de communication interposée » : c’est un espace tiers qu’il appelle « analogon ».

Deux sens sont donnés à ce terme « barbare » :

1.   (Dans le domaine de la philosophie) c’est « autre lui-même ».

2.   (Dans le domaine de la biologie) c’est un produit synthétique qui remplit les mêmes fonctions biologiques qu’un produit naturel.

Bhabha donne un nom à ce phénomène : la tiercité, il l’étend à la culture[iii].

Nous voudrons ici démonter que cette tiercité s’étend également à la « fabrication de l’information », et qu’il y a une médiation entre le « centre » et la « périphérie » et que l’Occident n’est plus le centre de fabrication du savoir informatif concernant le monde arabe.

Les médias arabes ont traversé une période de mutation dès le début des années quatre-vingt-dix, et ont subi un effet de globalisation forcé sous les coups de boutoir des « princes du pétrole » qui ont mis la main  sur les champs des médias arabes.

Les ressources financières quasi illimitées de l’Arabie Saoudite et du Qatar, ont été mises à la disposition d’une hégémonie intellectuelle pour ne pas dire idéologique et religieuse sur le monde arabe. L’influence de ces excès de moyens financiers sur les médias arabes et l’orientation de leur ligne éditoriale auront par la suite une grande influence sur la presse occidentale. Il est difficile de le croire mais il est facile de constater le rôle de ces richesses dans le formatage des opinions, au départ, arabes mais aussi occidentales par un jeu de miroirs.

Or influencer une opinion publique dans une société démocratique occidentale, c’est influencer de façon indirecte (théoriquement) les  dirigeants de ces sociétés démocratiques. Car il est évident que les décisions de ces dirigeants doivent, en principe, prendre en compte les opinions de leur public et agir de façon à apaiser leurs inquiétudes.

La mise au pas de la presse arabe s’est faite directement et indirectement :

-Directement en achetant et faisant acheter des organes de presse dans tous les pays arabes. Mais également en lançant des chaînes satellitaires telles Al-Jazira, Al-Arabiya ou MBC etc.. et qui comme on l’a vu ont joué un rôle déterminent dans ce qu’on veut appeler Printemps arabe.

Les deux quotidiens possédant un rayonnement pan-arabe, Al-Hayat et Al-Sharq Al-Awsat sont les propriétés de deux princes très influents le premier appartient à Khaled bin Sultan fils du feu le prince héritier Sultan, et le second appartient indirectement à Salman bin Abdelaziz le nouveau prince héritier. Ces deux quotidiens, de bonne facture journalistique,  mais ont un un rôle bien précis qui consiste à étouffer la contestation par son absorption et l’atténuation des chocs par un effet de souspappe afin d’éviter l’explosion.

La mainmise des monarchies du Golfe, ne se limitera pas à l’aide financière directe à presque toute la presse, elle se fera aussi par le biais des budgets publicitaires alloués. Le marché publicitaire des monarchies du Golfe est immense.  Sans rentrer dans les détails on peut dire qu’aucune agence publicitaire ne peut se mettre à dos son commanditaire du Golfe surtout saoudien.

Pour conclure, acquisitions directes des médias et indirectes par le biais du marché publicitaire, ont mis-au-pas les médias arabes (exception faite de quelques organes de presse qui vivotent mais dont l’audience est assez restreinte)[iv].

Au XXI° siècle, le système de références de la démocratie s’appuie toujours sur des valeurs occidentales. Ce système de références reste lié aux  intérêts économiques et financiers de cet Occident.

Or une des bases fondamentales de la démocratie reste « la presse ». Donc un système d’information correcte et valable, et non biaisé, reste un élément fondamental dans un système démocratique idéal.

Il s’avère que la réalité est toute différente concernant les relations avec le monde arabe.

Il va sans dire que les médias ne cachent rien, n’essaient pas de biaiser l’information, mais, ce sont les conditions dans lesquelles les médias occidentaux « exercent » leur métier de collecte d’informations dans l’environnement arabe qui sont en cause.

On peut dire que deux points ne peuvent être  éludés pour appréhender les conditions de la réception de ce « Printemps arabe », par les Européens en général, et les français en particulier :

– les conditions de travail dans les « lieux de production de l’information » et leurs contraintes;

– les sources des informations.

Or la communication médiatique est structurée autour de deux pôles :

–      une source énonciative

–      un pôle destinataire

Donc l’acte communicatif permet l’échange entre deux instances :

–      L’instance de production :S.

–      L’instance de réception : R.

On peut considérer que l’instance de production (S) est a été au départ une instance de la réception (R) (consommation de l’information) avant qu’elle ne pratique l’opération de transformation de cette même information, pour devenir instance de production (S).

Donc l’instance de réception est divisée en deux parties qui s’emboîtent:

–      La partie du lieu d’interprétation – désigné ici par A – celle qui reçoit l’information pour la travailler.

–      La partie de l’instance de consommation proprement dite – désigné ici par B- (celle qui travaille cette information).

Cette partie – B – est également divisée en deux espaces car la réception étant conditionnée et interprétée par le public suivant des paramètres de compétence par rapport au sujet :

B1- le public non avisé qu’on appelle consommateur brut.

B2- le public avisé qui peut décrypter selon plusieurs paramètres cognitifs, sociaux, psychologiques politiques ou autres sur lesquels il n’y a pas lieu de s’étendre dans cet article.

Ayant posé la structure (A & B= B1 ou/et B2) tournons à l’instance de production S.

Dans le cas qui nous intéresse le Printemps arabe suivons les sources de l’information (S) sur ces révolutions.

Nous savons, qu’en principe, l’information n’a pas la même valeur selon qu’elle est apportée spontanément au journaliste ou qu’elle est recherchée[i] (donc sujette à un travail de recherches et d’investigations).

Donc connaître les conditions de l’obtention de l’information donc la source (S1) qui a généré ce flux vers (R1) est capital pour juger de la crédibilité du nouveau flux généré par (S2) la nouvelle source de production.

Il n’est un secret pour personne que les conditions de travail des journalistes et des « travailleurs de l’information » sont de plus en plus difficiles.

Cette difficulté se reflète sur « la qualité du produit fourni » que ce soit de point de vue technique (rédaction mise en page) ou bien de point de vue la production (crédibilité de l’information). Mais il va sans dire que ce ne sont pas les journalistes qui sont mis en cause : ce sont ces conditions de travail pénible.  Jean Bricmont, dans la préface du livre de Geoffroy Geuens Tous pouvoirs confondus, écrit « Les défenseurs des médias occidentaux répondent souvent que le simple fait que les médias soient possédés par le grand capital ne prouve pas que les journalistes en soient les laquais. Et c’est vrai et le caractère biaisé de la presse doit se démontrer indépendamment de cette observation… »[v].

En principe la rentabilité économique de l’entreprise  de presse est la garante de l’indépendance rédactionnelle et politique, et reste une condition sine qua non de toute liberté d’informer consciencieusement. Et c’est au nom de cette rentabilité que la pénibilité du travail journalistique est devenu une caractéristique des temps moderne du journalisme libre.

On trouve normal qu’un chef d’entreprise de presse cherche cette rentabilité qui autorise la liberté. Alors les journalistes sont mis sous pression, et la recherche des économies rend leur travail de plus en plus difficile.

Dans l’ensemble des sources d’informations les agences de presse jouent un rôle important, mais également celui des journalistes envoyés sur place n’est pas des moindres.

Les agences disposent d’envoyés spéciaux mais aussi de correspondants permanents et/ou de bureaux dans les villes importantes. Ces agences assurent le flux des informations récoltées par le biais des reporters ou d’autres médias après les contrôles de rigueur (en principe) pour s’assurer de la véracité de l’information et de sa crédibilité.

Un contrôle est également effectué quand l’agence reçoit un appel direct: avant de diffuser l’information, elle s’assure de sa véracité par ses propres moyens. Les sources d’information sur tous les sujets sont très complexes; mais pour ceux qui font l’effort pour « remonter à la source» ils peuvent le faire car toutes les informations conservent toute leur traçabilité.

La source d’information peut être directe (reportage ou témoignage direct) ou indirecte. Un témoignage peut être oral – propos tenus par le ou les témoins d’un événement, et/ou par un spécialiste d’un sujet, et/ou le ou les personnalité(s) concernée(s) par l’information délivrée par le témoignage.

Le reportage est une forme de récit journalistique qui privilégie le témoignage direct visuel ou oral pris sur le vif.  Et ces reportages (surtout) télévisuels subissent des montages et des coupures pour être raccourcis : une heure de tournage donne en moyenne deux minutes de reportages.

Le nœud du problème est dans le traitement de l’information (le passage A2 S 2 R).

L’information arrive sous une forme « brute » (reçue par A) qu’il faut traiter (A2S), son traitement (si on met de côté la correction du style, le montage et la traduction éventuelle) peut suivre deux modes :

i-            réaliste, pour transcrire la réalité à l’état brut ;

ii-         interprétatif (interprétation personnelle ou subjective des événements)

Celui qui « rapporte » l’information, donc le « reporter », est témoin des événements, comme un collecteur d’informations.

Le reporter est aussi, d’une certaine manière, le représentant (l’œil ou l’oreille) donc il est la première source S avant de transmettre à l’agence (ou le média auquel il est attaché qui est dans ce cas A qui étant destiné à renvoyer l’information après traitement devient R) qui va le retransformer (donc R 2 S) avant de l’envoyer vers ses lecteurs ou les téléspectateurs (A ou B1 ou B2).

Le reporter ne se contente pas de rapporter les faits (par un récit, par un film ou une bande sonore), mais il pose aussi des questions directement aux protagonistes et/ou à de sources plus ou moins officielles ou non.

Ces questionnements peuvent être le fruit de sa propre réflexion (donc subjectifs), ou bien porter une ou plusieurs idée(s) qui ouvriront de nouvelles perspectives sur le sujet, mais qui infléchiront l’information vers plus ou moins d’objectivité, ou dans une certaine orientation bien déterminée. Mais dans tous les cas « le reporter a été à un moment donné un récepteur à la fois A –puisqu’il est destiné à travailler l’information et B en tant que récepteur. Il a commencé par être B1 (récepteur non avisé) avant de devenir B2 (récepteur avisé).

Les points concernant une information donnée se déterminent et prennent corps en fonction des idées que ce journaliste, reporter ou rédacteur porte déjà dans son bagage intellectuel auquel s’ajoute son propre ressenti et vécu, et éventuellement ses opinions politiques, philosophiques et religieuses (pathos). Tous ces facteurs suivent le même cheminement (B et/ou A 2R2S)

Mais toujours les questions que pose le journaliste ou reporter dans sa quête à l’information peuvent/doivent répondre « aux attentes » de ses lecteurs, auditeurs ou spectateurs (donc R), en principe : c’est la première entorse à un flux libre de l’information.

Actuellement et vu les contraintes économiques décrites plus haut, il est difficile pour un journaliste, un reporter ou un rédacteur – sans mettre en cause leur conscience professionnelle et leur intégrité intellectuelle –, mais vu les conditions de « la production journalistique », ils leur est difficile d’aborder en profondeur « tous les sujets » auxquels ils sont confronté quotidiennement.

(On voit parfois un grand reporter couvrir un G20 au Canada et le même reporter aller en Indonésie couvrir un acte terroriste, avant de passer par le Japon pour un reportage sur l’après tsunami !)

La spécialisation étant devenue « rare et coûteuse » dans le domaine journalistique, on a de moins en moins recours à des spécialistes qui peuvent avoir des connaissances approfondies dans un domaine précis et surtout des compétence linguistique.

L’anglais ne peut pas ouvrir toutes les portes, et nous savons combien la connaissance de la langue arabe est importante pour appréhender les problèmes politiques, religieux ou sociaux de cette aire culturelle.

Rares sont les organes de presse qui peuvent avoir des journalistes spécialisés dans cette région, et ceux qui font l’effort (financier !) pour se payer un tel « luxe journalistique », pourtant garant d’une information correcte, sont noyés dans le flux des informations superficielles ou déformées, qui les submergent venant d’autres médias qui n’ont pas ces compétences.

Or, le « Printemps arabe » a balayé une région allant du Maghreb (Maroc), à l’Ouest, jusqu’au Machrek (Oman), à l’Est, et du Yémen, au Sud, jusqu’à la Syrie, au Nord. Ce sont tous, des pays « arabes » mais leurs sociétés sont tellement différentes par leurs coutumes, ou par les schémas politiques qui conditionnent les divers régimes en place, qu’il est impossible de généraliser la « spécialisation » qu’on pourrait avoir à tous ces pays.

Alors, pour répondre aux nouveaux impératifs de l’information contemporaine, à commencer par la rapidité de réaction (la publication de reportage, dépêche ou article), et c’est ce qui est arrivé pendant la vague du Printemps arabe,  les meilleurs moyens sont les agences, la toile (Web) et la lecture de la presse dite « locale » par les envoyés spéciaux dépêchés en urgence en général (rare sont les correspondants ou les journalistes ayant une compétence linguistique arabe).

Cependant, l’ensemble des sources (S) sur lesquelles s’appuient  les journalistes dépêchés proviennent de l’intérieur des pays  arabes, or comme on l’a vu plus haut ces pays sont soumis (ils sont récepteurs R) de cette presse arabe sous influence : il se produit donc un phénomène de « transfert » de l’influence de la presse arabe qui elle même est mise au pas, vers le journaliste ou reporter.

Ce transfert infléchit sinon perturbe une qualité fondamentale de l’information : « la neutralité ».

Nous connaissons la nature répressive de ces régimes qui ont été balayés par le printemps arabe. Mais nous connaissons aussi la nature des régimes arabes qui ont soutenu les révolutions.

C’est ce qui explique les contorsions auxquelles furent  obligés de recourir les « producteurs locaux d’informations » pour rejoindre les idéaux occidentaux, en décrivant les révoltions du « Printemps arabe ». Le désenchantement occidental fut rapidement au rendez-vous.

Les causes politiques inhérentes aux acteurs « locaux » (pas uniquement les journalistes mais également les intellectuels) conduisent à des manipulations, volontaires ou non, pour aboutir à des fausses réalités dans lesquels baignent les sources qui alimentent les réseaux d’informations occidentaux.

Le nombrilisme occidental et la mentalité post-coloniale continuent à faire croire au journaliste européen qu’il est producteur d’information.

Or au lieu de recevoir une information brute, il reçoit une information « déformée » par la courroie d’une source locale, impliquée ou non dans le conflit, mais qui subit de façon directe « l’influence locale » et en l’occurrence l’influence soutenue par les pétro-dollars.

En l’absence de « spécialistes » pour ajuster ces informations, elles deviennent au fur et à mesure « des données endoxales » qui s’échangent entre agences de presse, sur les pages des journaux, et dans les journaux télévisés, avant d’être citées dans les revues et magazines.

Ces données sont également reprises sur la toile (des centaines sinon des milliers de fois), ce qui leur confère plus de « crédibilité » aux yeux de ceux qui sont plus en plus nombreux, et qui donnent une crédibilité aux informations voyageant sur le net.

Et quand ces informations sont reprises par des agences occidentales et à force de tourner en boucle et de gagner les esprits, ces données deviennent des vérités des « doxas ».

Les quelques « experts » habitués des plateaux de télévision y puisent leurs les bases de leur argumentaire, et contribuent à leur tour à leur diffusion, et à leur donner plus de crédibilité.

Ces données, s’installant ainsi en tant que réalités, alimentent le pathos des journalistes européens et des lecteurs, mais également des gouvernants.

Les plumes des politiques et leurs conseillers lisent et écoutent ces informations.

Ils sont rares ceux se font corriger ces données par des spécialistes qui ne viennent pas du monde de l’information mais des centres de recherches universitaires – là où on « connaît » les vrais « plis et habitudes » des sociétés étudiées, là où les analyses se font en prenant en compte tous les facteurs qui peuvent influencer une situation (histoire, sociologie, langues, coutumes et courants politiques, etc…). Ce sont ces points de vue qui, confrontés à une information brute, peuvent conduire à des données très proches de la réalité.

L’afflux de ces données est tellement massif et les conditions de travail sont telles qu’au bout du compte, ces informations scientifiques sont « noyées » dans cet autre genre de données qui, à force de répétitions, prennent la valeur de « connaissances ».

Même si, au départ, le décalage par rapport à la « vérité/réalité » est minime, il devient, à force d’accumulation, énorme.

Malgré cela, l’Occident se croit toujours « centre de production des informations », et pense que les informations que ses organes de presse débitent sont le reflet de la réalité, sans voir qu’elles sont chaque jour un peu plus loin de la réalité du terrain.

Dans ces conditions, il ne faut pas s’étonner que l’arrivée des révolutions arabes constitua des « surprises » aux yeux de beaucoup de dirigeants occidentaux et français, mais choqua également les médias, les diplomates, et ceux qui se prétendent « spécialistes », ceux qui sautant d’un plateau de télévision à un autre, débitaient ses données biaisées. Ces personnes ont été étonnées par l’arrivée du Printemps arabe.

Pour toutes ces raisons nous ne devons pas être étonnés de leur étonnement.

Bibliographie générale

– ADAMS Jean-Michel, Le Récit, Paris, Presses Universitaires de France, col. « Que sais-je? », 2001.

– AGNÈS YVES, Manuelle de journalisme, Paris, La Découverte, col. « Repères », 2008.

– BHABHA Homi k., Les Lieux de la Culture ; Une Théorie postcoloniale, Traduit de l’anglais par Françoise Bouillot, Payot, Paris, 2007

– CHARLES Michel, Rhétorique de l’écriture, Paris, Seuil, 1977.

– JAUSS Hans Robert, Pour une esthétique de la réception, Paris, Gallimard, 1978.

– GEUENS Geoffroy, Tous pouvoirs confondus, Etat, capital et média à l’ère de la mondialisation, Paris, Epo, 2003.

– HANNA ELIAS Elias, La Presse arabe, Paris, Maisonneuve & Larose, 1993.

– LAGARDETTE Jean-Luc Martin, L’information responsable : Un défi démocratique, Charles Léopold Mayer éditeur, Paris, 2006.

– OUAIDAT Jad, La Représentation du monde arabo-musulman à la télévision française, L’Harmattan, Paris, 2012.


[i] BHABHA Homi k., Les Lieux de la Culture ; Une Théorie postcoloniale, Traduit de l’anglais par Françoise Bouillot, Payot, Paris, 2007.

[ii] Franck Jameson, Postmodernism, Or the last Logic of Late Capitalism, Duke univ. 1991.

Bhabha, p. 338.

[iii] Bhabha, p. 338.

[iv] HANNA ELIAS Elias, La Presse arabe, Paris, Maisonneuve & Larose, 1993.

[v] GEUENS Geoffroy, Tous pouvoirs confondus, Etat, capital et média à l’ère de la mondialisation, Paris, Epo, 2003. P.13/

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