En une semaine le président des États Unis en concrétisant son slogan de campagne “America first”, s’est mis à dos, paraît-il la planète entière, surtout avec son décret dit antimusulman. Même au sein de son pays des tribunaux jouent aux garde-fous pour limiter ce qui inquiète surtout les opposants démocrates, et une frange des Républicains décrits comme modérés (dixit presque toute la presse dans le monde).
Or ce spectacle rappelle de façon presque hallucinante les atmosphères dans lesquels ont sombré ces mêmes cercles du village planétaire, et qui se sont manifestés trois fois : La première fois quand Trump s’est présenté aux élections, la deuxième fois quand il a gagné l’investiture des Démocrates et la dernière fois quand il a été élu. Et cela se répète.
Sans vouloir défendre ce président ni sa politique ni quoi que se soit en ce personnage, mais il faut attirer l’attention de tous ceux qui poussent des cris d’orfraie à chaque signature d’un décret dans le bureau ovale de la Maison blanche que la voix de ceux qui ont élu ce président est absente.
Avez-vous demandé à ces red neck à cette classe moyenne blanche du middle west celle qui a voté Trump et bouleversé les attentes des médias du monde entier : « ce qu’elle pense de ces décrets ? »
La question vaut la peine d’être posée, car ces atmosphères nous les avons connues pendant la longue période électorale, quand les médias et les analystes ne prenaient pas la peine de se pencher sur ces couches de la société américaine. Et la surprise a été grande quand les résultats sont tombés.
Une autre question subsidiaire sous forme exclamative doit être posée : « Et si ces électeurs avaient élu ce président pour faire ce qu’il est entrain de faire ? ».
En effet comme pendant la période électorale on n’a aucun spectre médiatique qui balaie ces couches pour les écouter et avoir leurs réactions à cette politique annoncée pendant la campagne par le candidat Trump et mise à l’œuvre dès la première semaine.
Les médias américains et dans leur sillage les médias du monde entier font comme si tout le peuple américain est révolté par cette politique ! Cela rappelle les échos de la campagne électorale où ces médias n’envisageaient absolument pas, ni la désignation de Trump en tant que candidat du parti de l’éléphant ni par la suite son élection.
Les électeurs de Trump ont crié pendant la campagne électorale des slogans et des propositions qui ne sont pas trop éloignées de ce que comportent ces décrets.
Parler d’une destitution (impeachment), comme l’écrit Robert Kuttner ce matin dans son blog du Huffington Post, c’est un peu aller vite en besogne.
Depuis la défaite de Hilary Clinton, les médias donnent des arguments aux électeurs de Trump, qui accusent, à tort peut-être, ces médias et l’establishment d’avoir soutenu la candidate, en diffusant des informations biaisées.
Ces décrets de Trump vont dans le sens de la politique promise en tant que candidat, ce décret sur les nationaux de sept pays qui a soulevé une tempête mondiale et fait descendre dans les rues des centaines de milliers de manifestants, ce décret va conforter les électeurs de Trump dans leurs convictions que l’establishment et les médias, n’ont pas avalé la défaite de Clinton. Pour ces électeurs c’est un complot, et il y a de quoi bétonner leurs convictions.
En effet ces sept pays, désignés dans le fameux décret avaient fait l’objet d’un décret signé par … le président sortant Barak Obama, sans soulever aucune protestation, car la presse n’en a pas parlé.
C’est un fait que l’administration Obama, avait redéfini les conditions d’entrée des personnes ayant séjourné dans ces sept pays : l’Iran, l’Irak, le Soudan, la Syrie, la Somalie, la Libye et le Yémen. «parce qu’ils sont des foyers de combattants étrangers». Avant d’entrer aux Etats-Unis, ces personnes devaient obligatoirement se soumettre à un examen supplémentaire. C’est un décret signé le 18 février 2016, interdisant l’entrée du territoire américain aux ressortissants de sept pays « jusqu’à ce que le gouvernement fédéral améliore sa faculté à détecter l’entrée de potentiels terroristes. »
C’est vrai que l’administration Obama n’a pas interdit complétement l’entrée du territoire américain à ces voyageurs, n’a pas désigné leur religion, mais elle a laissé une certaine interprétation concernant les voyageurs détenant une carte de séjour, la fameuse green card, puisque le décret désigne « des personnes ayant séjourné dans ces sept pays ».
Le décret de Trump est immoral, surtout quand il a fait une exception pour les chrétiens de ces pays, ce qui a mis en évidence son islamophobie. Mais le décret signé par Obama est passé sous silence à l’époque.
La presse américaine s’est rendu compte du décret de Obama et a voulu le dédouaner en insistant sur l’absence des éléments islam et réfugiés de ce décret (cliquez ici), ce qui renforce les électeurs de Trump dans leur conviction que les médias sont décidés à renverser les résultats de l’élection présidentielle.
Même un sondage, effectué avant le fameux décret, confirme que « 57 % des Américains favorables –à un – décret anti-immigration de Donald Trump », c’est vrai que la question posée aux sondés peut paraître orientée, car le décret n’était pas encore sorti et que sa diffusion, après le décret a omis de mentionner ce fait, mais ce taux en dit long sur l’état d’esprit des Américains à l’égard de l’immigration, surtout parmi les soutiens de Donald Trump où ce taux d’approbation grimpe jusqu’à 82 % parmi les électeurs.
Donc l’impeachment est loin d’être à l’ordre du jour la Constitution ne le rend possible qu’en cas de crime grave contre le peuple américain, ce qui est loin d’être le cas. La morale ne peut être un motif de destitution.
S’ajoute à cela que les sénateurs et députés républicains qui ont en point de mire une élection dans deux ans regardent plutôt vers les électeurs de Trump pour se faire élire. Ces électeurs qu’on laisse à l’ombre qui sont silencieux tant que leur idôle fait le job.