Dans les primaires démocrates Hillary Clinton a rencontré sur son chemin « un papy », sénateur du Vermont, Bernie Sanders. Elle ne le prit pas trop au sérieux. Puis au fil de la campagne elle découvre que ce monsieur suscite un engouement extraordinaire chez les jeunes et réveille auprès d’eux une vague d’enthousiasme à l’action politique.
Les jeunes américains sont séduits par son slogan, « un futur auquel croire » ( A future to believe in ) qui ressemble à s’y méprendre au slogan de celui qui l’a battue en 2008 un certain … Barack Obama qui avait lancé « un changement auquel nous pouvons croire » (Change we can believe in) !
La jeunesse se révèle une couche de la population américaine qui donne la coloration à ces primaires américaines. Sanders est un va-t-en-guerre contre l’establishment et malgré son âge, il incarne pour ces jeunes la nouveauté, tandis que Clinton est dans le paysage politique avant la naissance de la majorité des supporters de Sanders! Elle a « habité » la Maison blanche en tant qu’épouse d’un président de 1992 à 2000, et dès 2008, durant 4 ans elle fut Secrétaire d’État sous Obama. Elle fait figure de « momie » pour ces jeunes qui soutiennent Sanders.
Sanders porte l’image d’un intègre qui fait face aux lobbies, s’attaque à Wall Street ce monde des finances très loin de la réalité de cette jeunesse. Il a comme alliés des artistes de street art tels Gregg Deal le dessinateur, ou Shepard Fairey ainsi que Steve Porter le rappeur. Ses supporters portent des tatouages, s’assoient par terre, portent des jeans déchirés au genou et donne 15 dollars par meeting pour soutenir sa campagne. Ce sont des champions des réseaux sociaux: ses paroles sont relayées dans les secondes qui suivent leur lancement dans ses meetings.
Sanders appelle à une révolution politique tandis que Clinton appelle à une continuité.
Malgré le soutien du parti et des lobbies des grandes entreprises Sanders continue à glaner des victoires, il n’est absolument pas sûr d’obtenir l’investiture, mais, comme Trump, il représente une culbute du système politique américain. Il prétend amener le changement par la base, le changement qui vient du haut n’a pas réussi, ni avec l’époux Clinton ni avec Obama. Ceci explique la résistance de « papy Sanders » devant la machine démocrate bien huilée qui soutient Hillary.
Trump peut (peut-être) perdre la nomination républicaine, Sanders perdra (pour sûr) celle des démocrates, mais ces deux visages, malgré le contraste qui les oppose à tous les niveaux, ont donné un nouvel élan à la machine électorale qui produit des présidents …donc le pouvoir aux États Unis. Leurs slogans, leurs paroles et leurs propositions s’adressent à une majorité marginalisée et laissée-pour-compte par le système politico-financier qui gouverne le pays.
Ces primaires marqueront un tournant dans la marche de la démocratie américaine.